Nous prenons note des invectives des représentants de la direction à l’encontre de l’action de la Fédération des transports de la CGT. Néanmoins la grève n’est qu’une réponse à un échec de dialogue et à la violation même du code du travail et des droits du salarié. Dans notre cas, cette grève est déclenchée pour protéger tous les PN du transport aérien exercé sur le territoire français et touché par la loi n° 2022-46 du 22 janvier 2022 renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire et modifiant le code de la santé publique.
Cet appel dépasse largement le périmètre de notre compagnie aérienne et vise à protéger les emplois de nos collègues PN qui n’ont pas la bienveillance affichée par la direction d’Air France. Néanmoins, dans notre propre entreprise, malgré la bienveillance affichée, il reste des questions sans réponses, ce qui ne corrobore pas les déclarations démagogiques de la direction d’Air France :
1 – La loi 2022-46 précise en son article 1, e) qu’il est possible de ne présenter qu’un « résultat d’un examen de dépistage virologique ne concluant pas à une contamination par la covid-19 », lorsque le voyage se réalise pour « motif impérieux d’ordre familial ou de santé ». Le motif impérieux était présenté de la façon suivante dans le cas des motifs autorisant les déplacements lors des derniers confinements :
Missions indispensables à la poursuite d’une activité économique, requérant une présence sur place qui ne peut être différée et dont le report ou l’annulation aurait des conséquences manifestement disproportionnées ou serait impossible (dont les professionnels du transport). Pièces exigibles : attestation de l’employeur, carte professionnelle des équipages du transport international de marchandises, du transport international de passagers, du transport international maritime.
Pour les PNC de provinces ou en mise en place sur un vol interrégionaux peut-il jouir du même statut que tout autre passager venant de la même destination, si donc, ces deux individus se rendent à l’étranger ? Pourquoi l’entreprise exige-t-elle un passe vaccinal sur ces destinations alors que certains passagers peuvent s’y soustraire ?
Pour les délégués de l’UGICT CGT, le motif impérieux peut s’appliquer aux PNC, eu égard aux éléments ci-dessus.
2 – Attendu que le PNC moyen-courrier et court-courrier ont les mêmes qualifications et répondent aux mêmes exigences de compétences que les PNC long-courrier, dans quel cadre légal l’entreprise exige de ces PNC MC/CC de se soumettre au passe vaccinal au lieu de leur permettre une réaffectation temporaire sur long-courrier ?
3 – Dans le cadre d’un aller/retour d’un PNC en fonction vers une destination en France et où il ne débarque pas de l’avion, comment est-il possible de le considérer comme voyageur alors qu’il est intimement lié à l’avion et n’est pas en droit de débarquer ?
4 – En cas d’absence de toute substitution d’un vol par un autre, dans le cadre des vols à obligation du passe vaccinal, et leur remplacement par des réserves ou repos, engendrant une perte financière, comment cette pratique ne peut pas être assimilée à une obligation vaccinale et à contrario de sanction pécuniaire ?
5 – Du fait même que ni le passe vaccinal, ni une attestation de guérison ne peuvent prouver que les passagers sont négatifs, quelles sont les dispositions que l’entreprise met en place pour protéger ses salariés à bord sachant que les PNC sont à moins d’un mètre de distance des passagers, sans aucune autre protection qu’un simple masque ?
6 – La Covid-19 peut avoir des conséquences sur la santé des individus. A l’heure actuelle, la vaccination ne permet pas d’éviter d’être contaminé.
Ainsi, la promiscuité des passagers, expose le PNC plus facilement à une contamination. De ce fait, quelle serait la responsabilité de l’employeur en cas de perte d’aptitude médicale du PNC à cause de la Covid 19 et comment l’entreprise envisage de l’indemniser ?
7 – Dans le cadre de la souffrance au travail que cette situation engendre sur le PNC, comment l’employeur en tient-il compte afin de garantir une cohésion d’équipage capable d’assurer la sécurité des vols ?
8 – L’UGICTPNC a alerté l’employeur quant aux dérives d’individus se permettant des remontrances sur l’état vaccinal de leur collègue et qu’à l’heure actuelle, l’entreprise ne tient pas compte de ces alertes, l’employeur est-il disposé à porter toute la responsabilité en cas de dérapage ?
9 – l’entreprise accuse la CGT de mettre à mal le dialogue social et la pérennité de l’entreprise. Malheureusement cette perte de confiance repose sur les mauvais choix stratégiques successifs de l’entreprise. A-t- on oublié les projets NEO ? l’Ultrabusiness ? les rétrofit des cabines C ? Des choix d’une direction technocratique d’un autre âge, où l’actionnaire à la primauté sur le client ! La confiance des clients n’est pas mise à mal par l’appel à la grève de la CGT. Force est de constater que les clients préfèrent déjà d’autres compagnies que la nôtre.
La production de la richesse ne repose pas sur des Plans de restriction et les baisses de salaires mais sur des plans capables d’ingéniosité, d’innovation et de l’osé, ce qui fait aujourd’hui gravement défaut à notre société. Si donc le management de notre compagnie nous mène dans un précipice certain, serait-il aussi capable de répondre de leurs actes et assumer cette casse dont ils en sont plus responsables que la pandémie?
10 – enfin, la direction accuse ouvertement la CGT d’irresponsabilité, pourtant elle ne fait qu’interpeller la direction sur la violation du code du travail, des droits des salariés et les principes du contrat. Contrairement à certains responsables de l’entreprise, la CGT ne souffre d’aucune idéologie extrémiste et, quand bien même elle reconnaît l’utilité de la vaccination, elle s’oppose catégoriquement à toute obligation en ce sens, au nom du respect de la constitution, de nos lois en vigueur et de l’intégrité de la personne humaine.
Ayez confiance dans vos salariés. Ne faites pas l’erreur de vos prédécesseurs. Les PNC sont responsables et veulent juste travailler. Si vos engagements de bienveillance sont tenus, les PNC d’Air France n’auront pas besoin de recourir à la grève et nos actionnaires seront heureux de toucher leurs dividendes.
L’Histoire jugera !