Covid-19 : Air France va mettre 80 % de ses salariés au chômage partiel

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La compagnie française réduit de manière drastique son offre, alors que sa trésorerie se vide rapidement. L’Etat prépare une recapitalisation de l’entreprise fortement affaiblie.

Air France a été l’une des premières entreprises touchées de plein fouet par la crise du coronavirus. Elle est aussi l’une des premières à réagir.

La direction de la compagnie aérienne devrait annoncer à l’occasion d’un comité social et économique central, lundi 16 mars, « des mesures d’activité partielle ».

En pratique, elle va mettre en place un plan massif de chômage partiel. Seuls seront épargnés les salariés qui exercent « des fonctions vitales ». Selon les informations du Monde, ce train de mesures devrait concerner 80 % des près de 40 000 salariés du groupe.

Le mode d’application de ces mesures sera décidé durant la semaine à l’occasion de la tenue des comités social et économique par activité.

Sans attendre, Air France veut rassurer ses salariés et prévient qu’il « n’y aura pas de licenciements secs ». Avant de prendre ces sévères décisions, la direction a rencontré à de multiples reprises les principales organisations syndicales. Des réunions « d’information et non pas de négociation », fait-on savoir toutefois.

Il y a urgence

Air France a saisi la balle au bond après les annonces, jeudi 12 mars, du président de la République, Emmanuel Macron, selon lequel le gouvernement accordera aux entreprises des reports d’impôts et prendra en charge l’intégralité de l’indemnisation des salariés en chômage partiel. « Nous allons profiter des mesures de l’Etat pour mettre entre parenthèses l’activité et être en mesure de rebondir le plus vite possible dès que cela va reprendre », fait-on savoir du côté de la direction.

Il faut dire que, pour la compagnie aérienne, comme pour nombre de ses rivales européennes, il y a urgence. Les uns après les autres les pays ferment leurs frontières aux voyageurs du Vieux Continent.

Ces derniers jours, Israël, les Etats-Unis ou encore le Maroc ont tiré le rideau. L’activité d’Air France a plongé : elle aurait baissé de 30 % et le rythme s’accélère.

Cette dégringolade affecte aussi KLM. La filiale néerlandaise d’Air France a annoncé, vendredi 13 mars, 2 000 suppressions de postes sur 33 000 salariés.

L’entreprise, basée à Amsterdam, va aussi prendre des mesures de chômage partiel et clouer au sol ses Boeing 747 à partir du 1er avril. « Dans les mois à venir, nous allons réduire de 1 500 à 2 000 emplois, ce qui signifie que non seulement dans les semaines à venir, mais aussi dans les mois à venir, nous aurons moins de collègues », a déclaré le directeur général de KLM, Pieter Elbers.

Chez Air France, tous les salariés ne seront pas mis en chômage partiel en même temps. Mais en fonction des besoins du groupe.

En pratique, « la direction essaie de déterminer le montant de l’activité que la compagnie est capable de maintenir », indique-t-on de bonne source. Ce dispositif aura un coût qui sera surtout supporté par les personnels.

Assentiment des syndicats

Les salariés placés en chômage partiel ne devraient plus percevoir que 84 % de leur salaire net.

En revanche, le cas des pilotes et des personnels navigants commerciaux (PNC) n’est pas encore réglé. En effet, ces derniers perçoivent un minimum garanti, mais sont payés au nombre d’heures travaillées pour l’essentiel de leur revenu. La direction, qui ne veut pas se fâcher avec ses 4 000 pilotes et ses 12 000 hôtesses et stewards, s’emploie activement à trouver un moyen d’intégrer les navigants et les PNC au dispositif de chômage partiel sans que ces derniers soient pénalisés.

L’objectif de la direction est que la compagnie fasse le gros dos pendant la crise

La mise en place de ces mesures drastiques semble recueillir l’assentiment des principaux syndicats, tant chez les pilotes que parmi les autres catégories de personnels. L’objectif de la direction est que la compagnie fasse le gros dos pendant la crise tout en ayant les moyens de rebondir lorsque l’activité reprendra.

Il y a quelques jours, Air France avait tenu à rassurer les pilotes assurant que sa trésorerie lui permettrait « de tenir pendant plusieurs mois ».

A l’occasion de rencontres avec le gouvernement, elle avait passé le message que « des facilités de caisse, ainsi que le report du paiement des charges et de la taxe carbone » lui permettrait de passer cette période difficile sans trop de dommages. Quelques jours plus tôt, Ben Smith, directeur général d’Air France-KLM, avait signalé que « toute taxe qui pourrait être limitée ou temporairement levée » serait un geste « apprécié par notre industrie ». Il semble avoir été entendu.

Le patron du groupe a déjà les yeux fixés sur le monde d’après la crise du coronavirus. Quand la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir, il veut qu’Air France-KLM ait les moyens de participer au mouvement de recomposition du transport aérien qui ne manquera pas de survenir.

En effet, cette crise pourrait porter le coup de grâce à nombre de compagnies déjà sur la corde raide. Norwegian, la low cost long-courriers plombée par une dette de 2 milliards d’euros, pourrait faire partie de proies à venir. L’entreprise norvégienne a annoncé, vendredi 13 mars, la suppression de 4 000 vols et l’immobilisation au sol de 40 % de sa flotte long-courrier. Elle prévoit d’annuler aussi 25 % de ses vols moyen-courriers ainsi que la mise en chômage partiel de la moitié de ses salariés.

D’autres, comme Corsair ou La Compagnie, ont vu leur activité fortement réduite ou totalement arrêtée. C’est le cas de La Compagnie qui, en temps normal, n’assure que des liaisons entre Paris et New York.

« L’Etat ferait une très belle opération »

La volonté d’Air France-KLM de rebondir après la crise a fait ressurgir le spectre d’une montée de l’Etat au capital de l’entreprise franco-néerlandaise.

Selon Les Echos, le gouvernement, qui en détient déjà 14 %, réfléchirait à recapitaliser la compagnie aérienne à court de trésorerie. Une opération pour l’instant « démentie » par la société. A Bercy, on précise que « dans l’immédiat, on travaille sur le financement d’Air France pour passer la crise ».

Il n’empêche, « l’Etat ferait une très belle opération », indique-t-on chez Air France. Ces derniers jours, l’action a perdu 40 % de sa valeur. Le titre ne vaut plus que 4,80 euros.

L’Etat pourrait donc effectuer une très bonne affaire et rendre la monnaie de leur pièce aux autorités néerlandaises qui étaient entrées par effraction au capital d’Air France-KLM, à hauteur de 14 %, en février 2019. A l’époque, elles avaient payé 13 euros pour chaque action de la compagnie.

Cependant, s’il veut organiser une augmentation de capital afin de remonter au niveau de 29 %, l’Etat devra obtenir l’assentiment de Delta Arlines et de China Eastern qui détiennent chacune 8,8 % du tour de table d’Air France-KLM et sont des partenaires stratégiques. Pas question de les diluer.

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