Dans un article paru dans Air Journal du 6 août 2019, Anne Rigail affirme « À chaque fois que nous avons une taxe de plus, et nous en avons une longue expérience, cette taxe n’est jamais transférée au client car nous sommes dans une concurrence totale, mondiale ». L’écotaxe devrait coûter 60 millions d’euros, ce qui équivaut pour l’année 2019 au gain issu des décisions des assises du transport aérien. Décisions supposées aider notre secteur…
Face à cette situation, une question s’impose pour la CGT :
les salarié(e)s devront-ils faire les frais de cette nouvelle mesure ?
Quel est le contexte ?
La France connaît, comme tous les autres pays, un fort accroissement de l’activité du transport aérien (+5% par an).
Dans le même temps, les enjeux autour de la transition écologique exigent de la part de chacune et chacun la prise en compte des impacts environnementaux ainsi que la maîtrise de la pollution (émissions de CO2, oxyde d’azote, bruit).
Une des préoccupations de la CGT AF porte sur la place et la responsabilité d’Air France.
Les enjeux en présence doivent faire l’objet d’un traitement à deux niveaux. Le premier porte sur l’engagement des acteurs du transport aérien et de l’Etat, le second tout aussi essentiel et déterminant, doit intervenir dans le cadre des instances européennes et internationales.
Chaque personne mesure bien qu’on ne peut imposer à la planète de subir des conséquences climatiques aussi préoccupantes ni imposer aux compagnies aériennes de mourir.
Notre secteur d’activité subit aujourd’hui le poids de taxes nombreuses et pénalisantes pour l’économie des transporteurs, auquel s’ajoute le poids accru de la composante pétrolière. Cela a pour conséquence directe une pression sans cesse augmentée sur l’emploi et les conditions de rémunération des salarié(e)s du secteur.
À partir de ce constat, nous devons prendre garde à ce que les décisions gouvernementales en matière d’écotaxe ne viennent pas fragiliser la pérennité de notre compagnie.
Satisfaire les objectifs de réduction de l’empreinte carbone nécessite une capacité d’investissement dans la flotte par l’acquisition d’avions réduisant la consommation de pétrole. Cela permet la réduction de consommation de pétrolepar passager, la réduction de l’émission de polluants et la diminution de l’empreinte sonore (cf : le choix de l’A220 par Air France).
Rappelons par ailleurs que depuis 2012, la CGT n’a cessé de réclamer l’organisation d’assises du transport aérien pour traiter l’ensemble de ces questions : sociales, économiques et environnementales.
La tenue de ces assises débutée en 2017 a accouché d’une souris avec pour apothéose, une clôture.
ECOTAXE : QUI VA PAYER ?
En effet, le débat est lancé sur :
-la taxation du carburant,
-l’utilisation de bio-carburants,
-la privatisation des aéroports français,
-la réduction du transport aérien intérieur,
-le train plutôt que l’avion,dans un moment d’ouverture des droits de trafic à tout-va.
Pour la CGT, s’il est clair que des règles doivent s’imposer, elles doivent reposer sur l’équité de traitement et en conséquence donner lieu à une règlementation européenne et internationale.
Des règles communes des Etats doivent être élaborées conjointement aux engagements volontaires des compagnies.
Ce qu’il faut savoir c’est que la contribution de l’aviation aux émissions de CO2 est estimée, au niveau mondial, entre 2 et 3%.
En 2009, l’IATA (association internationale du transport aérien) a défini un engagement mondial pour réduire ces émissions.
AF/KLM acteur majeur du transport aérien a, pour sa part, défini un plan climat ambitieux.
Pour la CGT, chaque axe de réflexion retenu doit faire l’objet :
-de mesure des impacts réels au regard des objectifs, de l’ambition de la performance sociale (salaires, emplois et conditions de travail),
-de recherche d’amélioration autour des questions de recyclage, d’un souci de respect de l’environnement associant les riverains,
-d’une maîtrise publique du développement aéroportuaire sur le plan national,
-du souci de ne pas être dans le seul affichage mais dans l’efficacité (bio-carburants, compensation des émissions, certifications ISO 14001, technologies, déchets de vol, lutte contre le gaspillage, etc.).
En outre, la CGT considère que la notion de soutenabilité de la vie sur la terre est incontournable.
À tous ces égards, la CGT Air France, la Fédération des transports CGT et ses syndicats des compagnies aériennes des aéroports et de l’assistance aéroportuaire, sont totalement engagés autour de la transition écologique au service du développement de l’emploi et des qualifications, du développement des territoires et du pavillon français pour une action sans compromis pour la préservation de la planète, de la bio diversité et d’une réelle maîtrise des enjeux climatiques.
Pour la CGT, la place des pouvoirs publics et la maîtrise d’une politique globale au service de ces objectifs sont vitales.